mardi 25 septembre 2012

Il faut bien partir pour revenir...

9 Juillet 2012

17h49. J'ai appris mes premiers kanjis...
Me voici entrée dans le petit bassin et déjà je pressent de futures noyades.
Au point où j'en suis, je suis avide de nouvelles connaissances, j'essaye de tout comprendre, j'ai une infinité de questions à poser.
Je me trouve encore au début de l'apprentissage. Ce moment à la fois terrifiant et grisant, où l'on ne peut que s'améliorer, où l'on veut apprendre toujours plus puisqu'on ne sait rien...
Tout est nouveauté, surprise...
C'est sans doute le moment le plus enrichissant lorsque l'on apprend une langue...

10 Juillet 2012

15h22. Le train pour Mino-Akasaka quitte le quai pile à l'heure, comme toujours.
Assise dans la seconde voiture, je lutte pour ne pas m'endormir...
L'échappée vers Gifu de la veille fait encore effet sur moi...
Partis trop tard, nous avons fini par abandonner l'idée d'aller jusqu'au fleuve pour voir l'ukai, pêche au cormoran.
Finalement, j'ai découvert Gifu de nuit, ai mangé un sukiyaki et ai testé le karaoké pour la première fois...

Chanter est un chose, et ce n'était déjà pas gagné pour moi... Chanter dans un micro, dans une pièce minuscule, c'est radicalement différent... On ne s'entend pas, le son est étrange... Mais la gêne disparaît assez rapidement...

13 Juillet 2012

16h18. Le bus est pile à l'heure.
Une dernière fois, je monte dans ce vieil autobus.
Je quitte l'école puis Chayashinden, je traverse le pont pour Ogaki...
Et demain, je partirai de ma chambre, de la maison, de Mino-Akasaka, de Gifu, de Nagoya, du Japon...
Un terrible pincement au cœur ne me quitte plus depuis le début de l'après-midi... Pincement que je n'avais pas ressenti depuis des années. Pincement qui me prouve une fois de plus que je suis amoureuse de ce pays.
Ces derniers jours ont été pleins d'émotions et de nouvelles choses, trop courts... Je n'ai pas trouvé le temps de relater en temps et en heure ma semaine afin de la vivre au maximum...
Demain, dans l'avion...

14 Juillet 2012.

14h54. La même phrase tourne en boucle dans ma tête depuis hier...
かえりたくない。
Je ne veux pas rentrer.
J suis pourtant assise dans la salle d'embarquement, sans autre option que de rentrer dans l'avion lorsque l'on me le demandera.
Je n'ai pas envie de rentrer.
J'ai envie de pleurer.
Ma famille d'accueil me manque déjà. Ohuku me manque déjà. Mon futon et ma chambre me manquent déjà. L'école me manque déjà.
Aujourd'hui plus que jamais je sais que je ne pars que pour revenir, plus tard, plus longtemps.
16h17. Sur un avion, l'inscription « member of one world » m'apaise quelques instants.
Nous sommes sur une même sphère. La Terre est ronde et il y a donc toujours une possibilité de retour.
Mais l'avion finit par partir et l'étau dans ma poitrine par se resserrer.
Je ravale mes larmes et regarde les immenses cargo qui glissent sur la mer, à quelques 500mètres de moi.
Je ne veux pas partir...
16h25. L'embarquement est annoncé.
Mon ventre se noue. Dehors, il fait chaud et moite et l'atmosphère qui plane sur la mer le prouve. Dedans, l'air conditionné me glace et me donne envie de sortir. Je veux profiter du chaud été japonais, de son automne coloré, de son hiver enneigé, de son printemps fleuri.
Je veux rester dans ce pays qui a su si facilement m'envoûter.
16h48. L'avion quitte le lieu d'embarquement et se dirige doucement vers la piste.
L'équipe technique restée sur la piste se tourne vers l'avion et nous salue en secouant leur main de gestes réservés et vifs à la fois.
Avec le décollage, mon anxiété me quitte.
Il faut partir pour revenir.
20h24 / 19h24. Ce qui est certain, c'est que j'ai perdu beaucoup de temps, d'énergie et de patience en essayant de comprendre logiquement le fonctionnement de l'aéroport de Shanghai... Il n'y a rien à comprendre en vérité, car il n'y a rien de logique.
Les plans et les panneaux indiquent un espace de transfert pour les vols internationaux, mais il n'est pas utilisé.
Arrivé à ce point, sans information, sans autre langue que l'anglais, l'espagnol, le français et le japonais, il s'agit de comprendre que le désordre de l'aller était en fait normal.
Quoi qu'il arrive, on obtient un « visa » jusqu'au jour du départ de l'avion. Quoi qu'il arrive, on va récupérer son bagage afin de le ré-enregistrer quelques heures plus tard.
Ce n'est pas ce système en soit qui me rend perplexe, mais son utilisation dans un bâtiment aussi neuf et bien muni.
22h53 / 23h53. Le calme et la quiétude des japonais me manquent.
Trop de bruits, trop de cris dans l'aéroport. Je suis parvenue à dormir quelques deux heures au milieu de ce capharnaüm, d'un sommeil tendu et entrecoupé de sursauts.
Je le savais déjà, mais mon mal de tête me rappelle violemment que le mandarin est une langue que je n'apprécie pas particulièrement.

15 Juillet 2012

Quelque part entre l'heure française et l'heure chinoise. Comme à l'aller, le vol est parti avec du retard. Deux heures.
Comme à l'aller, j'ai dormi tout au long du vol. Mal.
La tête pleine des souvenirs des deux dernières semaines, je passe et repasse en revue toutes les choses que j'ai découvertes, vues, entendues, ressenties et toutes les choses que je ne pourrai plus faire en France.
Je ne pourrai plus manger de sushi.
Mercredi soir, ma famille m'a emmené dans un kaiten sushi. Restaurant familial, bruyant, commun, peu cher. Une multitude de maki, sushi et autres à m'en faire perdre la tête. Un fonctionnement très japonais, efficace et amusant. Des poissons à profusion d'un goût et d'une fraîcheur sans comparaison.
Le souvenir d'une soirée inoubliable et simple passée avec ma famille d'accueil.
A quelques minutes de l'atterrissage. Nous sortons soudain des nuages pour découvrir les champs autour de l'aéroport.
Rapidement, nous nous rapprochons du sol, puis nous atterrissons.
Le matin s'est levé il y a peu et les couleurs pastels des nuages en témoignent.
10h55. Mon voyage sera définitivement terminé une fois arrivée chez moi. Encore un train et un bus...
Mardi, en fin d'après-midi, nous sommes allés faire des courses, Yabashi-san et moi. Trois heures à cherches des omiyage pour ma famille et mes amis... C'était amusant, même pour moi qui n'aime pas les magasins...
Le temps a finit par nous rappeler à l'ordre et nous avons rejoint d'autres étudiants et familles dans un restaurant d'okonomiyaki... Au passage, je ne pourrai plus jamais manger d'okonomiyaki en France.
Découverte d'une immense maison traditionnelle, annexée à un temple shintô dont les propriétaires sont les gardiens.
Ici, l'adage selon lequel les amis de nos amis sont nos amis prend tout son sens.
Ici, hospitalité rime avec quotidien.
Pièces recouvertes de tatami qui dégagent une agréable odeur de paille. Salle de sadô personnelle. Prières shintô psalmodiées en notre seule présence.
Encore une fois, le temps passe trop vite.
11h02. Je ne sais pas encore si je suis heureuse ou honteuse...
Heureuse car il s'agissant tout de même d'une espèce de rêve.
Honteuse car à mes yeux, les seules japonaises sont élégantes à ces occasions.
Le jeudi, nous avons célébrés Tanâbata. Avec vœux et yukata.
Mon yukata... Que Yabashi-san m'avait acheté et offert deux jours plus tôt.
Je ne sais pas encore si je suis heureuse ou honteuse. Tout ce que je sais c'est que je suis reconnaissante.
11h21. Parmi toutes les choses auxquelles j'ai été confrontées, une grande part d'entre elles mérite que je la mette dans une liste « Ce qui est vrai au Japon et dans les fictions japonaises » ou encore « A faire et/ou voir au Japon ».
11h23. Une fois cette liste faite, il faut que je 'check' tout ce que j'ai eu l'opportunité de vérifier.
11h29. Pour mon dernier repas, Yabahi-san a préparé tout ce que je n'avais pas eu l'occasion de manger avant...
Yakitoris au poulet, au bœuf et au gésier, somen, karaage et même anguille. Un délice pour chacun des plats...

vendredi 21 septembre 2012

Quelques centaines de raisons de revenir...

1er Juillet 2012

00h39. Assise sur un futon, mon futon pour les deux semaines à venir.
L'appréhension n'a pas encore tout à fait disparu, mais je sais que cela ira mieux les jours passant.
La famille d'accueil y est pour quelque chose.
Accueillante, avenant et le sourire aux lèvres pour elle.
Plus calme mais tout aussi rassurant pour lui.
Et un chien.
Jet lag oblige, je ne ressens pas encore l'heure tardive.
Cependant, le voyage m'a épuisée.
Épuisée et ravie...

22h44. Je commence peu à peu à prendre entièrement conscience que je suis au Japon.
Je suis au Japon, dans une famille japonaise, entourée de tout un tas de choses qui me font rêver.
Une fois de plus, mes hôtes se montrent rassurants, compréhensifs, adorables.
Direction Kyoto, pour visiter un temple.
De la ville historique, je n'aurai vu que ledit temple, le temps d'une visite assez rapide, confirmant le cliché du touriste asiatique. La visite me permet de découvrir le Pavillon Doré du Rokuon-ji Temple et d'assister à une cérémonie du thé touristique.
Visite express qui ne fait que me donner envie de retourner dans la ville, plus tard, plus longtemps.
En route, je découvre les stations d'autoroute japonaises, je dors, je vois mon premier Shinkansen...
J'en oublie la pluie, qui nous a accompagnée jusqu'à la fin de la journée.
Retour à Gifu, avec un crochet par une boulangerie et par un magasin où tout est à 100yens.
Enfin, j'apprends comment me rendre et rentrer à/de l'école.
La chance me sourit encore : un autre étudiant français loge dans les environs et la mère de sa famille nous conduira à l'école demain matin.

2 Juillet 2012.
03h40. Cela fait maintenant une heure que je me tourne et me retourne dans mon lit sans parvenir à retrouver le sommeil. J'ai trop dormi dans la voiture, le jet lag fait encore effet sur moi, je suis trop excitée. L'habile mélange de ces trois ingrédients a fait fuir mon sommeil et je sais que je le ressentirai ce soir.
11h22. Je sors à la fois frustrée et peu étonnée du test de japonais. Cela fait trop longtemps que je n'ai pas revu mes alphabets, trop longtemps que je n'ai pas revu mes cours.
La certitude qui m'accompagne cependant depuis le début de mon voyage n'est pas ébranlée.
Au point où j'en suis, je ne peux qu'apprendre et m'améliorer.
18h09. Assise dans le train vers Mino-Akasaka et remplie de nouvelles connaissances...
Les bus sont assez étranges ici. L'entrée ne se fait que par la porte du milieu, où l'on prend un ticket. Et ce n'est qu'en sortant que l'on paye, selon la distance parcourue. Les bus sont particulièrement chers ici. ¥8.200 pour 26tickets, soit 82€... Additionnés aux tickets de train, cela revient à quelques ¥11.800... 118€ de transports pour 15jours...
Premier coup d’œil au Mall qui borde la gare.
Je manque encore d'assurance, mais je sais que dans quelques jours je me sentirai plus à l'aise...
J'espère.

3 Juillet 2012.
09h10. La chaleur d'hier a été chassée par la pluie, qui semble s'être installée pour la journée.
21h31. Un repas japonais c'est trois féculents, de la viande, du poisson, des légumes vinaigrés et du thé. Je dois remercier mon éclair de génie -ou de lucidité- qui m'a soufflé de ne pas acheter de goûter avant de rentrer...
Les cours commencent réellement demain et comme je le présageai, je suis du groupe des débutants. Des débutants qui sont tout de même capables de se faire comprendre voire d'exprimer une idée à leur interlocuteur... Des débutants en ce qui concerne l’écriture également.
Hors des cours, l'anglais et le suédois font loi et réunissent tout le monde. Excellent occasion de pratiquer la première langue et d'écouter la seconde.
La fin de l'après-midi m'a permis de fait mes premières acquisition à ¥100 chacune...

4 Juillet 2012.
7h02. T-shirt ou par-dessus jaune canari, banderole de la même couleur, mégaphone sur pied portable. Placé devant la gare, le groupe de trois hommes commence à tracter les passants, qui acceptent rarement le papier qu'ils leur tendent.
Jupe plissée et chemise aux manches courtes. Debout à côté de moi, la collégienne -ou lycéenne- prend son portable à clapet où pend un colossal strap poilu.
Je ne sais pas si cette réalité a inspiré téléfilms, films et drama japonais ou si c'est l'inverse. Ce dont je suis cependant maintenant sûre, c'est que les figures clichées que je voyais dans ces fictions ne sont pas que des clichés mais bien des réalités...
22h13...

5 Juillet 2012.
08h33. La chaleur et le soleil d'hier ont laissé place à un temps couvert, chaud et moite...

6 Juillet 2012.
15h33. Pas loin de l'école, une fois le pont vers Ogaki traversé, une promenade ombragée longe le canal creusé en cas de crue.
Le long de la promenade un quartier scandaleusement calme, bordé de deux axes routiers très fréquentés et bruyants.
Au bout de la promenade, un château. Construction de faible proportions qui montre fièrement sons style féodal.
Derrière le château bordé de verdure, un temple shinto.
Soudain, le bruit des voitures disparaît, laissant les oiseaux, les grillons et le cours d'eau prendre la relève.
Les arbres semblent accueillir les constructions humaines.
Le sol encore humide et l'air légèrement moite dégagent une odeur d'été, d'humus et de pluie.
Je ferme les yeux...
16h04. Le long de la promenade, un quartier scandaleusement calme bordé de deux axes routiers très fréquentés et bruyants.
Quartier qui cache des temples shinto et bouddhistes.
Constructions ouvertes, de nature accueillant l’œuvre humaine, d'une terrible simplicité, d'une beauté calme, d'une sérénité primaire.
Constructions élevées, cachant jalousement des secrets loin de nos yeux, où la nature est modelée pour compléter le bois et la pierre taillés, d'une élégance géométrique, d'un calme où la tension fait loi.
Je ferme les yeux...
16h41. La pluie s'invite peu à peu puis se transforme en averse...
Ici, chaleur rime avec pluie.

7 Juillet 2012.
11h37. Retour du supermarché.
Je passe trois jours à la résidence et il a donc fallu que j'aille faire des courses pour me nourrir...
Le supermarché était énorme... Différent... Japonais...
Rayons immenses de poissons, produits de la mer, tofu, riz, bières, sauces asiatiques et même eau...
Difficile de se décider face à tous ces produits nouveaux...
Il faut que je vive au Japon...
Ma réflexion m'a semblé puérile, gourmande, curieuse, sensée, sans fondement, évidente...
11h50. En face du rice cooker de la kitchenette.
Gris et argenté. 20Cm de largeur, 30cm de longueur et encore 20cm de hauteur. 6 boutons. Un écran d'indication. Le tout en katakana et en kanjis.
Je verse une dose de riz cru dans le contenant avant de laver les grains blancs.
Je remet le récipient dans le rice cooker, avec son riz à cuir et de l'eau.
J'appuie sur le bouton aux écritures rouges et lance une brève prière... Faites que ça ne me saute pas à la figure...
13h23. Je découvre la pâte de haricots blanche dans une petite pâtisserie.
14h50. De retour au château d'hier. Appareil photo à la main, carnet de notes/dessins/cours dans l'autre.
Le vent qui rafraîchit la journée ensoleillée agite la surface de l'eau. L'immobilité du d'eau d'hier qui permettait au ciel de s'y réfléchir a disparu, et avec, les clichés que j'avais prévu de prendre...
L’endroit n'en reste pas moins envoûtant.
19h08. Le soleil prend son temps pour se coucher et le le ciel et les nuages prennent de jolies teintes pastelles.
Du premier étage de la résidence, je contemple les rizières qui entourent l'école et la chaîne de montagnes, au loin.
Si j'étais restée plus longtemps, j'aurai pris quelques jours pour aller me balader sur l'une de ces hauteurs...
Si j'étais restée plus longtemps, j'aurai sûrement fait tout un tas de découvertes... Cela fait quelques centaines de raisons qui me poussent à revenir sur l'archipel...

Aventures aéroportuaires

29 Juin 2012

15h05. Le vol était prévu à 13h40. La Mongolie refuse que l'avion survole son espace aérien aussi nous voilà coincés au sol. Les relations sino-mongoles ont sûrement quelque chose à voir avec cela, mais je n'en suis pas tout à fait sûre, et je préfère ne pas me triturer l'esprit avec de telles questions.
A Shanghai, ma correspondance d'un peu plus de deux heures me semble sérieusement mise en danger. Je n'ai pas encore de carte d'embarquement, je ne connais pas l'aéroport, et si par chance je parviens à avoir ma correspondance, je ne saurai qu'à l'arrivée si ma valise a eu tant de chance.
15h14. A travers le hublot, j’aperçois un dôme en pierre. Présence étrange, presque incongrue au milieu de ce paysage de goudron, de vestes fluos, de tôle blanche et de containers.
15h17. L'agitation monte peu à peu. Le personnel de bord décide de proposer des rafraîchissements aux passagers.
15h25. Un verre d'orange dans une main, mon billet dans l'autre, je me demande comment je vais finir mon voyage.
15h40. Que dire de plus ?
15h45. Après les boissons, c'est une collation qu'on nous apporte.
Quoi qu'il en soit, je ne suis plus tranquille du tout.
15h52. Correction. Après les boissons, c'est un repas complet qu'on nous apporte.
16h39. Je relève la tête de mon petit guide de japonais...
La moitié des passagers s'est levée, des groupes de discussion se sont formés...
Quelque chose me dit que nous ne sommes pas prêts de partir et que je vais devoir attendre quelques heures de plus avant d'atteindre la destination tant attendue.
17h40. L'avion s'ébranle ; rejoins la piste de décollage et s'arrache au sol... Enfin.

30 Juin 2012

3h16 / 9h16. Les lumières de la cabine se rallument. Nous arriverons dans une heure et quarante-cinq minutes.
Après une nuit entrecoupée de turbulences, de pleurs d'enfants, ou tout simplement d'encas, je sors difficilement de ma torpeur, d'autant plus que je venais juste de trouver une position confortable. Typique.
Comme le dîner et l'encas de la veille, le petit-déjeuner est insipide.
4h25 / 10h25. L'atterrissage est annoncé dans trente-cinq minutes.
L'anglais du personnel de bord est tellement approximatif que je ne sais toujours pas ce qui m'attend à Shanghai.
14h55. Tranquillement assise dans un café cosy de l'aéroport, avec du thé et une part de cheesecake à la mangue, je révise les phrases et expressions basiques dont j'aurai sûrement besoin.
La sortie de l'avion et l'arrivée à l'aéroport ne présageaient portant pas une fin aussi calme.
Sans information aucune, ou plutôt sans information dans une autre langue que le mandarin, nous avons quitté l'avion et suivi celui qui était devant nous, véritables moutons égarés, dans les couloirs blancs et propres.
Puis nous avons passé la douane, ce qui n'était absolument pas au programme. Sans visa, sans avion, sans indication et bientôt sans passeport.
Enfin, des employés s'adressent à nous dans un anglais plus ou moins bon. Tout ce que j'en tire comme information est qu'ils n'en savent pas plus que moi et que tant que la situation ne présentera pas de solution, ils garderont les passeports.
Une heure d'attente avant que les plus téméraires, fatigués, nerveux ne commencent à bousculer les douaniers.
Finalement, on nous envoie chercher nos bagages.
Lorsque je reviens, la situation semble miraculeusement se débloquer.
Je récupère mon passeport et gagne un visa chinois par la même occasion. Puis on nous renvoie à un comptoir pour faire enregistrer nos bagages.
Je ressors de cet épisode avec un billet pour Nagoya, qui commence l'embarquement dans plus de quatre heures.
En attendant, je joue la traductrice, je visite l'aéroport, j'en sors quelques minutes. Finalement, je choisi un café dont les fauteuils écrus me tentent ; il est alors 14heures et je suis la seule à commander autre chose qu'un menu complet.
17h04. Rattrapée par la fatigue, je me suis endormie dans la salle d'attente pour le vol vers Nagoya, avec un indubitable manque d'élégance.
C'est le son d'un harmonica qui me réveille doucement.
Assis dans un coin de la pièce, un homme joue doucement des chansons nostalgiques.
Autour de moi, le nombre de voyageurs chinois a considérablement baissé, remplacés par des japonais qui rentrent chez eux.
18h28. Assise à la fenêtre, je regarder les avions qui décollent, alors que le notre s'ébranle et avance doucement vers la piste...
18h39. Un avion de China Southern se lance sur la piste et c'est avec un sentiment de bonheur mêlé d'appréhension que je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse dans le coin de mon hublot. J'aime toujours autant cette sensation.
18h41. Un avion de DragonAir atterri. Au contact du sol, les roues émettent un petit nuage de fumée qui se dissipe rapidement.
18h43. Un vol de ANA décolle. Encore un avion devant nous et quatre derrière nous.
18h45. China Eastern décolle.
18h46. China SSS atterri.
Nous sommes les prochains.
18h46. La piste illuminée s'étend devant nous.
18h50. Accélération, boule dans le ventre au moment où les roues quittent le sol, encore un regard sur l'aéroport.
Je quitte la Chine sous un temps indescriptible. Chaud et couvert. Étouffant. Pollué.
18h52. Au-dessus du voile de pollution, le ciel est bleu, parsemé de nuages qui s'embrasent alors que le soleil se couche.
18h56. Écharpes en apesanteur, voiles de soie... Les nuages, entre le gris et le bleu, sont magnifiques.
20h26 / 21h26. Le retard semble être le mot d'ordre de ce voyage. Nous devions arriver à 21heures.
Devançant le temps, l'avion a rattrapé la nuit qui nous entoure entièrement. Les lumières qui clignotent par intermittence sur l'aile me permettent de deviner d'abondantes gouttes de pluie. Je n'ai pas pris d'imperméable.
J'arriverai donc au Japon dans la nuit noire, sans avoir pu observer le sol loin sous mes pieds avant.
C'est dommage, mais je ne vais pas me formaliser.
20h31 / 21h31. Les lumières de la cabine s'allument. Les hôtesses s'inclinent. L'atterrissage est annoncé.
20h40 / 21h40. Je découvre les environs de Nagoya.
Îlots lumineux qui se détachent du grand voile noir de la nuit.
20h44 / 21h44. La ville, myriade de points lumineux qui semblent s'étendre à l'infini, me fait oublier la déception de mon horaire d'arrivée.
20h51 / 21h51. Avec presque une heure de retard, nous avons atterri.
Une boule d'appréhension se forme au creux de mon estomac alors que l'excitation me donne envie de danser.
Me voilà arrivée dans l'un des pays de mes rêves, sans en parler la langue.